Pourquoi ouvrir son capital quand les taux de la dette frôlent la gratuité ?

 

Quand l’autofinancement n’est pas suffisant pour financer la croissance, quel carburant choisir entre la dette et le capital pour financer au mieux l'expansion commerciale, la sortie d'un nouveau produit, une opération de croissance externe, recruter, se déployer à l’étranger, se diversifier ?

 

L’aubaine du crédit

 

Disons-le clairement, l’emprunt est structurellement moins coûteux que le capital, d’autant plus avec la modicité actuelle des taux. En parallèle, le robinet des banques est grand ouvert pour financer les entreprises dynamiques.

 

Le taux des crédits nouveaux se situe à 1,33 %, un plus bas historique (crédits nouveaux de plus de 1 million d’euros aux entreprises, source Banque de France, juin 2019). Dans ce contexte, forte est la tentation de privilégier l'effet de levier financier : le coût d’emprunt nettement inférieur au rendement attendu de l’investissement permet d’élever la rentabilité, donc le rendement des capitaux propres. Ainsi, lorsque tout se déroule bien et que les investissements financés par emprunt génèrent de la valeur, les associés augmentent leur patrimoine et/ou leurs dividendes.

 

L’autre avantage majeur de la dette pour financer la croissance réside dans la non-dilution des associés au capital de l’entreprise.

 

Mais … attention à ne pas oublier le risque

 

L’emprunt ne coûte presque plus rien, mais attention à ce paradis artificiel qui peut rapidement se transformer en un enfer bien réel.

 

Cette facilité apparente ne doit en effet pas amener à prendre des risques opérationnels plus élevés ou à faire des investissements hasardeux car le crédit génère une augmentation du risque financier de l’entreprise, puisqu’il faut le rembourser ! Et ce à date figée, et quelle que soit alors la situation de l’entreprise. En cas de retournement de conjoncture ou bien des difficultés internes (départ d’une personne clé, lourd impayé client, mauvaise gestion d’un projet, rentabilité décalée d’un investissement…), l’obligation de rembourser la dette peut rendre l’entreprise vulnérable. Le risque est d’autant plus présent avec des garanties sur le patrimoine du dirigeant ou sur des actifs de l’entreprise.

 

L’effet de levier permet certes d’améliorer le rendement du capital investi mais augmente la prise de risque des associés.

 

A contrario, financer son développement par capital permet de renforcer la solidité de l’entreprise

 

Renforcer ses fonds propres conduit à sécuriser l’entreprise :

  • Le capital ne se rembourse pas et l’actionnaire investit pour longtemps.
  • L’investisseur peut le cas échéant être amené à « bridger » des besoins de financement imprévus et mobiliser des capacités financières d’urgence.
  • Accueillir des associés reconnus dans son capital social renforce la crédibilité et le capital de confiance auprès des partenaires, tous surveillant de près leur risque : les partenaires financiers (banques, assureurs-crédit), fournisseurs, clients, y compris le dispositif d’aides publiques.
  • L’augmentation des fonds propres améliore les ratios financiers, enclenchant un cercle vertueux : l’entreprise peut emprunter plus facilement, encore moins cher, et sur des montants plus élevés.

       Mais ouvrir son capital est une décision lourde. Elle induit une dilution du contrôle. Il faudra négocier l’entrée au capital sur la valeur de l’entreprise, puis composer au long cours avec l’investisseur, accepter d’avoir à rendre régulièrement des comptes, et perdre un peu de son autonomie sur les décisions stratégiques.

 

Tout cela peut impulser une nouvelle dynamique de pilotage, et enrichir la réflexion stratégique du dirigeant, mais peut aussi se révéler pesant si on n’a pas bien choisi son partenaire.

 

Comment arbitrer entre dette et capital ?

 

C’est un dilemme constant pour les dirigeants d’entreprise. Parmi les points clés pour juger du meilleur compromis :

  • N’emprunter que lorsqu’il y a un vrai projet, dont le retour sur investissement est satisfaisant, indépendamment du coût bas de la dette.
  • Mesurer le positionnement de l’investisseur au-delà de son apport en numéraire : aura-t-il un rôle actif pour gagner en performance (apporte-t-il une expertise, un réseau, des clients) ou sera-t-il « dormant » ? Partage-t-il les mêmes objectifs, est-il en phase sur la stratégie ? Quand et comment envisage-t-il de sortir du capital ?
  • Prendre en compte les facteurs psychologiques : comment vivrez-vous un endettement élevé ou a contrario une dilution du capital ?
  • Etre particulièrement vigilant (et bien conseillé) sur l’encadrement juridique des contreparties à donner (valorisation, pacte d’actionnaire).

Bien souvent, mixer dette et capital offre une structuration financière efficace pour financer son développement: emprunter permet de se financer à faible coût, et augmenter en même temps son capital permet de retourner voir son banquier si le développement se poursuit… Calibrer au mieux ce mix vous permettra d’optimiser à terme l’amélioration de la valeur de votre entreprise, problématique sur laquelle Advisio Corporate Finance peut vous conseiller.

 

Advisio Corporate Finance, le 30 novembre 2019